Viacom et CBS conviennent de se réunir

L’activité MEDIA d’AMERICA a jadis mis en valeur les entreprises de boutiques et leurs chefs iconoclastes. Il est en train de devenir une industrie dominée par quelques énormes entreprises qui se concentrent sur les économies d’échelle. Outre Netflix, pionnier du streaming vidéo avec une capitalisation boursière de 136 milliards de dollars, la plupart des géants ont été créés par le biais de fusions. L’acquisition de Time Warner par AT & T a produit un géant de 255 milliards de dollars. La prise de contrôle de 21st Century Fox par Disney en mars a créé un mastodonte d’une valeur d’un peu moins de 250 milliards de dollars. Verizon, un autre titan des télécommunications qui, en 2015, a acheté AOL, un portail en ligne, s’élève à 233 milliards de dollars. Comcast, une entreprise de câblodistribution qui a acheté l’année dernière Sky, un diffuseur britannique par satellite, est un tiddler relatif.

Dans ce contexte gigantesque, Viacom, fournisseur de contenu d’une valeur marchande de près de 12 milliards de dollars, et CBS, réseau de télévision d’une valeur de 18 milliards de dollars, ressemblent à des ménés. Mais ils contrôlent certaines propriétés médiatiques de premier plan, notamment Paramount, un studio de cinéma hollywoodien, et des séries télévisées telles que CSI et South Park. Cette semaine, les deux sociétés ont convenu de fusionner dans un contrat à part entière organisé par Shari Redstone, fille de Sumner Redstone, un magnat légendaire (âgé de 96 ans et souffrant). Les deux sociétés étaient jadis unies, mais M. Redstone les a dissociées en 2006. Le véhicule d’investissement des Redstones garde toujours le contrôle des deux sociétés par le biais de ses actions avec des droits de vote renforcés.

Mme Redstone a vaincu de nombreux ennemis, notamment Les Moonves, le formidable ancien patron de CBS, qui a été contraint de démissionner en septembre dernier à la suite d'allégations de harcèlement sexuel, ce qu'il nie. Elle présidera l'entité combinée, qui s'appellera ViacomCBS. Les actionnaires de CBS contrôleront environ 61% de l'entreprise fusionnée. Bob Bakish, un ancien combattant de Viacom qui dirigera la nouvelle entreprise, prévoit des revenus annuels supérieurs à 28 milliards de dollars et des économies annuelles de 500 millions de dollars d'ici deux ans.

Cet accord renforce indéniablement le dynamisme du marché des deux sociétés. La société issue de la fusion prévoit de pousser plus loin ses propres services de streaming «directement au consommateur». Et on s'attend à ce qu'il dépense environ 15 milliards de dollars sur du nouveau contenu cette année, à peu près autant que Netflix. Ajouté à une bibliothèque d’émissions populaires, allant des séries télévisées culte telles que «Star Trek» et «Big Bang Theory» aux franchises de films à succès telles que «Mission Impossible», ViacomCBS sera mieux placé pour négocier avec les grands distributeurs.

Dynamisée par son dernier succès, Mme Redstone pourrait éventuellement tenter une autre acquisition. En effet, comme le soutient Kerry Fields de la Marshall Business School de l'Université de Californie du Sud, «la nouvelle entreprise est encore en sous-taille». Disney consacre près du double de nouveaux spectacles cette année. En dépit du fait que de nombreux agresseurs potentiels digèrent encore les acquisitions récentes, on parle déjà dans les cercles industriels d’une seconde vague imminente de fusions de médias. Si les spéculations sont correctes, l’accord de Mme Redstone, qui semble depuis longtemps inévitable, pourrait également se révéler une défense inadéquate contre les acquéreurs potentiels. En effet, en engraissant CBS avec Viacom, elle a peut-être créé une entreprise qui se révélera être un morceau irrésistible pour l’une des grandes bêtes de l’industrie.

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