CCHEFS ORPORATIFS peuvent à peine garder un œil sur ce que fait leur propre personnel, sans parler des fournisseurs et des filiales dans des endroits éloignés. Un référendum organisé en Suisse le 29 novembre a proposé de changer cela, rendant les multinationales suisses responsables devant les tribunaux nationaux pour les manquements aux droits de l’homme ou à la protection de l’environnement le long de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales. La proposition a échoué par la plus petite des marges – une version édulcorée entrera en vigueur à la place.
Les changements ont été défendus par les ennemis habituels des grandes entreprises –ONGs, groupes de pression et autres – avec leurs griefs de longue date sur le cacao que Nestlé utilise dans les KitKats ou le cobalt commercialisé par Glencore. Cette poussée politique pour rendre les entreprises plus responsables carillon avec des proclamations du conseil d’administration sur les activités axées sur un objectif, les actionnaires sont damnés. Les chefs d’entreprise se sont néanmoins farouchement opposés aux mesures. Des menaces vagues ont été proférées à propos de la migration de multinationales libres vers des juridictions plus laxistes.
Cela ne sera pas nécessaire. Bien que la Responsible Business Initiative ait recueilli 50,7% des voix, elle n’a pas réussi à transporter suffisamment de cantons sous le système arcanique suisse. (Une autre proposition, d’interdire à la banque centrale d’investir dans des entreprises de défense, a été carrément rejetée.) Le gouvernement suisse, qui s’est opposé aux mesures, continuera à introduire des normes moins strictes. Les normes de déclaration seront renforcées, avec des amendes pour erreur. Mais les militants ne seront pas autorisés à amener les entreprises rebelles devant les tribunaux civils, comme ils l’avaient espéré.
Aucune entreprise suisse n’est – du moins publiquement – en faveur du travail des enfants, des violations des droits de l’homme ou du vandalisme environnemental. Mais des impôts bas, des conditions de vie agréables et un penchant historique pour les politiques favorables aux entreprises comme le secret bancaire ont aidé la confédération alpine à attirer plus que sa juste part d’entreprises mondiales, certaines avec des chaînes d’approvisionnement délicates. Tous proclament leur attachement à la responsabilité sociale des entreprises, comme le prouvent les brochures sur papier glacé. Mais personne ne pensait qu’être traîné devant les tribunaux suisses pour mauvaise conduite ailleurs ne ferait rien d’autre que d’enrichir les avocats. Certains ont fait valoir que le risque de litige peut les dissuader d’être ouverts sur les lacunes inévitables qu’ils s’efforcent de corriger.
Le référendum a été perçu comme une préquelle aux efforts européens plus larges visant à responsabiliser les entreprises au-delà de leurs opérations immédiates. L’Allemagne a élaboré une loi sur les normes de la chaîne d’approvisionnement; l’année prochaine le UE fera pression pour que les entreprises soient tenues pour responsables des violations des droits de l’homme et des atteintes à l’environnement. Si l’expérience suisse est quelque chose qui passe, les patrons résisteront, malgré une rhétorique favorable aux parties prenantes.■
Cet article est paru dans la section Business de l’édition imprimée sous le titre « Swiss miss »